dimanche 18 juillet 2010

La route d'Eldorado




Deux escrocs, Miguel et Tulio, partent à l'aventure afin de trouver la légendaire cité d'Eldorado.



« La route d'Eldorado » est un film d'animation produit par les studios Dreamworks. Si Dreamworks ont prouvé qu'ils savaient offrir le meilleur (« Shrek »), ils ont aussi démontré qu'ils étaient capables du pire (« Spirit »). « La route d'Eldorado » se situe exactement entre les deux. Ni brillant, ni totalement à côté de la plaque. En réalité, il est difficile de catégoriser un tel film car ses qualités, comme ses défauts, suffisent à diviser les foules.

Là où la simplicité du scénario (pour ne pas dire la molesse) permet aux plus petits d'apprécier l'histoire sans se fouler un neurone, les plus grands seront certainement reboutés par le manque de rebondissements et les personnages sans réelle profondeur (on n'est pas chez Pixar). De même, si les adultes apprécieront les dialogues bourrés d'humour et de références sous-jacentes, les plus jeunes risquent de s'ennuyer à cause d'un trop plein de dialogue et un manque flagrant de péripéties quelconques – même si la fin rattrape le coup. Enfin, si les couleurs chatoyantes et les décors luxuriants enchanteront les amateurs, force est d'avouer que le design (personnages et environnement) manque cruellement d'inventivité. Visuellement, les personnages sont bien animés mais ils semblent trop conventionnels. Sans oublier qu'ils passent leur temps à nous gratifier d'un large sourire éclatant comme s'ils vantaient le mérite d'un nouveau dentifrice...

De ce fait, il est assez difficile de réellement s'attacher au film, mais ce serait mentir de dire que l'on ne passe pas un bon moment malgré tout - ce qui est essentiellement du à la qualité du doublage. En effet, les deux héros loufoques et maladroits bénéficient d'une voix de renom puisque Kevin Kline (oscarisé pour « Un poisson nommé Wanda ») et Kenneth Branagh s'occupent de leur donner vie, oralement. Les deux acteurs ont pris un malin plaisir à se prêter au jeu et vu la vitesse et la précision à laquelle ils se renvoient la balle durant les joutes verbales, on a parfois l'impression qu'ils ont improvisé la moitié de leur texte. Les répliques fusent et l'énergie des deux comédiens insuffle une bonne humeur communicative.

A eux deux, ils forment une sacrée paire de anti-héros farfelus et sympathiques, mais lorsque un troisième larron s'en mêle, la jolie Chel, le film prend vraiment une excellente tournure. Mutine mais fourbe, Chel est quant à elle doublée par Rosie Perez (inoubliable Perdita Durango). Son célèbre accent de Brooklyn et son charme naturel apportent un timbre volontairement décalé au personnage, ce qui suffit pour la rendre attachante.

De plus, Edward James Olmos, fameux fer de lance du cinema Mexicain-Americain prête sa voix débonnaire et chaleureuse au chef de la tribu, un pater familias imposant mais tendre et amical. Mais la surprise vient du méchant prêtre, doublé par Armand Assante (« Judge Dredd »), à la fois effrayant de colère non contenue et amusant par son côté faussement machiavélique. Un méchant appréciable et particulièrement réussi.

Le doublage donc se veut la meilleure qualité du film, ce qui n'inclut pas toute la bande son malheureusement. En effet, musique et chansons sont étonnament fades et décoivent par leur rythme aléatoire et leurs paroles peu inspirées. C'est d'autant plus étrange qu'elles sont dues au trio gagnant et oscarisé du « Roi Lion » (Hans Zimmer, Tim Rice et Elton John). Il est clair que ce n'est pas dans « La route d'Eldorado » que l'on trouvera des thèmes à la hauteur de « Hakuna Matata ». Et si la musique de Zimmer reste agréable à l'écoute (sans pour autant se hisser au niveau du « Roi Lion », de « Gladiator », de « Rain Man », de « Pirates des Caraibes », de « The Rock » et j'en passe) elle est bien trop peu exploitée pour retenir un tant soit peu l'attention.

« La route d'Eldorado » n'est pas un mauvais film, il est juste trop formaté et de fait, sans réelle surprise. Il est intéressant de noter qu'il possède de nombreux points communs avec « Kuzco, Empereur Megalo », notamment cette frénésie dans la mise en scène, l'extravagance des personnages et le fait qu'ils présentent tous deux une civilization mésoaméricaine de manière volontairement absurde et décalée. En revanche, il lui manque hélas l'étincelle de génie, ce petit côté frappadingue qui fait tout le sel de ce dernier.



Film d'animation pour petits et grands, « La route d'Eldorado » risque bien de ne plaire à aucun des deux. A chacun de voir. Si l'on rit de bon coeur à de rares reprises, l'ensemble et trop conventionnel et simpliste pour nous captiver jusqu'au bout. En dépit de beaux efforts pour marier dessin traditionnel et animation 3D, le visuel du film demeure fade. Et si les doubleurs ont fait un excellent travail, les chansons plombent rapidement l'ambiance. Tulio et Miguel sont partis à la recherche de l'or mais ils ne ramènent qu'une médaille de bronze.

Note: *

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