dimanche 12 juillet 2009

Le Shérif est en Prison



Afin de s'approprier des terrains à bas prix, deux notables nomment un jeune Noir shérif d'une bourgade des plus racistes...




Après « Les Producteurs » et « Les 12 chaises », l'inénarrable Mel Brooks revient dans le monde de la parodie en prenant pour cible l'âme même du cinéma américain : le western.


Au niveau du casting, on retrouve les habitués de la bande à Mel Brooks : Harvey Corman, Dom deLuise, Madeline Khan (nominée à l'oscar pour son interprétation d'une Marlène Dietrich dépressive), Gene Wilder (qui a déjà joué dans « Les Producteurs » et qui jouera dans « Frankenstein Junior ») et bien sûr Mel Brooks lui même.
Du côté des petits nouveaux, on apprécie de trouver John Hillerman (Higgins dans la série « Magnum » c'est lui!) et Cleavon Little.
C'est autour de ce dernier que tourne toute l'histoire puisqu'il incarne le premier shérif noir de l'histoire!
Et dans un Ouest raciste gouverné par les blancs, ce pauvre shérif va devoir se battre pour s'imposer face à une petite ville de paysans idiots et bornés.
Pour l'aider, il pourra compter sur l'aide du Wacko Kid (Gene Wilder), un cow boy alcoolique mais vif comme l'éclair, et de ses frères de couleurs et...c'est tout.


Avec un personnage principal noir dans ce contexte, on peut s'attendre à de nombreux propros racistes et désobligeants et c'est effectivement le cas : les « Négros » pleuvent dans la bouche des blancs.
Mais Mel Brooks, en grand humoriste, ne le prend pas à la légère.
Il sait employer le mot de façon intelligente pour mieux dénoncer une société xénophobe. Il récupère tous les clichés que les Noirs ont subi au cinéma et les réutilise de façon aussi décalée qu'absurde.
Les politiciens quant à eux sont montrés comme des enfants ignorants (Mel Brooks, hilarant) ou des parvenus qui aiment se donner un air suffisant (Harvey Corman et ses citations sans queue ni tête).
Mais il ne se gène pas non plus pour montrer à quel point la population est stupide quand il met en scène le shérif qui se prend en otage tout seul pour échapper à la foule...
Quant aux indiens, ils parlent avec un accent allemand à couper au couteau.
Bref, comme toujours avec Mel Brooks, chacun en prend pour son grade.



En ce qui concerne l'humour du film, on est dans dans du Mel Brooks pur jus.
C'est à dire qu'on y trouve de tout et surtout du n'importe quoi.
Du plus sophitiqué (gags visuels, jeux de mots recherchés, humour absurde, références à de grands classiques) jusqu'au plus vulgaire (la scène des haricots et les nombreux « noms d'oiseau » et blagues en dessous en de la ceinture qui parsèment le film).
Entre le duel de chansons du début à la « West Side Story », les retournements de clichés, le paquet explosif tiré des cartoons de Tex Avery ou encore la brute qui met un cheval KO d'un coup de poing, il y en a pour tous les goûts. Après on aime ou on n'aime pas.
Il s'autorise même à remettre la fameuse bataille de tartes à la crème au goût du jour...

Bien que les films de Mel Brooks soient avant tout des parodies absurdes et grotesques, il fait preuve d'un véritable sens de la mise en scène.
De l'extérieur, rien ne différencie le film des vrais westerns.
Les cadrages comme la photographie sont particulièrement travaillés, les acteurs sont parfaitement convaincants et le film bénéficie d'un montage soigné (nomination à l'oscar du meilleur montage).
La musique également fait l'attention d'un soin particulier.
Le compositeur attitré de Mel Brooks, John Morris, a une fois de plus créé une série de chansons superbes qui donnent au film un côté comédie musicale assez poussé.
La chanson titre « Blazzing Saddles », hommage aux thèmes célèbres du western comme « Rio Bravo », sera même nominée à l'oscar.

Le film lui même se comporte, dans les grandes lignes, comme un western traditionnel jusqu'au grand final ; pur moment d'extravagance et d'irrationnel qui fait passer le film pour ce qu'il est vraiment : un film...
Le scénario imprévisible et constamment surprenant sera lui aussi nominé à l'oscar.
Il est important de signaler que, comme pour tous les Mel Brooks, la version française est excellente.



« Le shérif est en prison » est une parodie d'exception. Les calambours fusent et chaque scène redouble d'inventivité. Si l'on aime le style du grand Mel Brooks, « le shérif est en prison » est à ne pas manquer.

Note : ***

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