samedi 27 juin 2009

Le Créateur



Darius, auteur à succès, découvre avec horreur qu'il a oublié d'écrire sa pièce. Commence alors pour lui et pour les autres, le pire des cauchemars...




Après « Bernie », Albert Dupontel revient derrière la caméra pour un long métrage tout aussi noir et barré.
Difficile de résumer le film tant celui ci est bien plus complexe qu'il n'y paraît.
« Le Créateur » commence comme une farce, puis se tourne rapidement vers la satire acerbe avant de plonger irrémédiablement vers la noirceur la plus totale.

Depuis « Bernie » on connait l'attachement de Dupontel pour les loosers et les perdants, « Le Créateur » n'y fait pas exception.
Dupontel y interprète un célèbre dramaturge timide, stressé et mal dans sa peau. Mais ces quelques traits de caractère ne le définissent qu'en surface car plus ou moins inconsciemment il développe rapidement des pulsions meurtrières et une tendance marquée pour la schyzophrénie.
Un personnage antipathique et pourtant désespéremment attachant.
Parce que malgré la série de crimes dont il est coupable, Darius reste prisonnier de sa condition d'écrivain, obligé à founir toujours plus quelque soit le moyen...

Le reste du casting est lui aussi formidable, faisant la part belle à des seconds rôles savoureux. On ne s'étonnera d'ailleurs pas de retrouver toute la joyeuse bande qui fera le succès de « Enfermés dehors ».

La réalisation est particulièrement inspirée et offre de beaux moments de mise en scène. Que ce soit en sortant l'artillerie lourde (en faisant sauter un étage dans un magnifique ralenti ou en tirant un boulet de canon depuis une fourgonette) ou de manière bien plus subtile lorsque la caméra illustre des points de vue autres qu'humains : cela va de la vision noir et blanc du chat jusqu'à l'écran à cristaux liquides, où les mots inversés symbolisent celle de l'ordinateur.


Dupontel fait accompagner son film de grands morceaux de musique classique ce qui souligne constamment l'aspect tragédie (pièce de théatre/tragédie...) et met en valeur le destin funeste du héros.
Et puis, impossible de passer à côté de cet éternel parallèle entre la création d'une pièce de théâtre et celle de la Terre par le grand barbu. Grand barbu, au passage, joué par Terry Jones, ex membre des Monty Pythons et grand ami de Dupontel.


Mais le cinéma de Dupontel c'est aussi des dialogues truculents et inventifs qui ne laissent jamais indifférents. Maniant l'absurde et le cynisme comme une arme, il n'est pas rare qu'il nous arrache un fou rire quand il se met à balancer des répliques aussi invraisemblables que « C'est con un breton, ça sert à rien...En plus il fait jamais beau » tout en lâchant de temps en temps de sacrées piques qui appuient là où ça fait mal...

Dupontel est vraiment un cas à part dans le cinéma français, son humour noir et absurde est plus à rapprocher de l'humour anglais. Grain de sable dans la machine, Dupontel est insolent et fier de l'être!
Il prend plaisir à tirer à boulets rouges sur ce qui est sacré, à oublier la morale et les conventions et à sortir des sentiers battus.
Le film est extrêmement drôle mais il est aussi extrême tout court. Pas de demi mesure avec Dupontel, pas de tabous. Les personnages sont « Affreux, sales et méchants » et si l'on rie c'est avant tout de l'horreur des situations et de la misère des personnages.
En ce sens, « Le Créateur » ne plaira pas à tout le monde. Mais si vous avez supporté « Bernie », alors foncez!



« Le Créateur » est une oeuvre noire, sadique et trash mais en même temps absurde, loufoque, intelligente, imaginative, inspirée, originale et surtout lucide...en un mot : géniale.
Féroce et amer, un vrai petit bijou.

Note : ***

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