samedi 27 juin 2009

The Fog



En Californie, le port d'Antonio Bay fête son centenaire. La légende raconte que les marins d'un navire naufragé un siècle auparavant reviendront se venger par une nuit de brouillard. Or cette nuit là, une brume maléfique commence à semer la terreur et la mort sur son passage...




Attention de ne pas confondre « The Fog » de John Carpenter avec « The Mist » de Frank Darabont.



Pour beaucoup, John Carpenter est une véritable icône du cinéma fantastique même si la plupart le connaissent surtout pour son premier grand succès : « Halloween », l'un des films d'horreur les plus rentables de l'histoire.
« The Fog » c'est le quatrième film de Carpenter. Il est certainement moins connu que ses prédecesseurs mais n'en reste pas moins tout aussi réussi.


Malgré le carton colossal au box office de « Halloween », Carpenter ne désire pas pour autant continuer dans la lancée des slasher movies et il s'avère que « The Fog » n'est autre qu'un simple film de fantômes à l'ancienne.
Malheureusement sorti à une période où le viscéral « Scanners » de Cronenberg trône sur les écrans, « The Fog » est boudé par un public alors amateur de gore et de violence graphique.
Il est vrai que « The Fog » n'est pas gore pour un sou et malgré des séquences d'une rare violence, les égorgements et autres lacérations de l'abdomen à l'aide d'objets contondants ne feront jamais verser la moindre petite goutte de sang à l'écran...

Un terrible manque de réalisme? Au contraire.
Partisan de l'adage « on a plus peur de ce que l'on ne voit pas car on l'imagine », Carpenter est passé maître dans l'art de suggérer les choses. Ainsi au lieu de tout miser sur la tripaille et l'hémoglobine à tout va comme ses confrères, il soigne sa mise en scène et parvient à créer une atmosphère lugubre, incroyablement angoissante.
Le potentiel de base n'était pourtant pas réjouissant et entre de mauvaises mains le film aurait facilement pu s'achever par un désastre.
En effet ; "Comment effrayer les spectateurs en filmant des comédiens en costume continuellement plongés dans un voile de fumée?"


Mais Carpenter n'est pas n'importe qui et sait parfaitement que dans ce genre de film c'est l'ambiance elle même qui prédomine et chez lui, elle se fait à la fois de manière visuelle et sonore.
Dès les premières secondes, le ton est donné : le film débute par une citation d' Edgar Allan Poe avant de laisser la place à un vieux loup de mer qui raconte une histoire d'horreur autour d'un feu de camp. Tout est mis en oeuvre pour plonger directement le spectateur au coeur du film.
Alors que d'autres metteurs en scène y seraient allés à grand renfort d'effets spéciaux, Carpenter parvient uniquement à l'aide des effets sonores et de la lumière à nous faire croire que le brouillard est vivant. Plus impressionnant encore, il nous fait prendre conscience qu'il représente une menace réelle.
Se basant sur les écrits de Lovecraft, il transforme sa simple brume en incarnation du Mal. Un mal sans visage, ni forme. Une force éthérée et indomptable.
Le brouillard lui même est littéralement traversé par une lueur phosphorescente qui lui donne un aspect à la fois effrayant et surnaturel, quant aux fantômes, ils demeurent éternellement dans l'obscurité...
Le tout est sublimé par des cadrages superbes et les éclairages grandioses de Dean Cundey, l'un des plus grands directeurs de la photographie de son temps.


Toujours dans l'art de suggérer, Carpenter connait par coeur les règles d'or du film d'horreur et sait parfaitement quand et comment faire bondir son public.
Maîtriser le suspense est un art délicat mais le réalisateur s'avère être le digne successeur de Hitchcock.
Carpenteur est en effet un vrai conteur visuel et les émotions du spectateur dérivent intégralement de sa mise en scène : grace aux cadrages ou à l'absence de musique, on sait qu'il va se passer quelque chose mais on sent surtout que Carpenter cherche consciemment à nous laisser mijoter dans notre jus pour finalement nous amener sur une fausse piste et nous surprendre brusquement au moment où l'on ne s'y attend plus.

Mais il faut également reconnaître son talent quand il s'agit de créer une ambiance sonore. Egalement compositeur de la musique de ses films, Carpenter se contente généralement d'accoler quelques notes de synthé pour accompagner ses images.
Et malgré toute attente, le procédé est d'une efficacité redoutable. A l'aide de simples notes qu'il répète à l'infini mais qu'il assène violemment comme s'il frappait sur un couvercle métallique, Carpenter parvient à souligner l'inéxorable avancée de la mystérieuse et mortelle brume.


Si la star du film c'est bien « The Fog » lui même, les comédiens jouent tous de façon exemplaire. Comme James Cameron (« Terminator », « Aliens »), Carpenter a visiblement un faible pour les femmes au caractère bien trempé.
Loin d'être de simples « screaming girls », ses héroines sont fortes et savent se défendre. Parmi les actrices qui les incarnent on retrouve la brillante Jamie Lee Curtis, que Carpenter retrouve après « Halloween » et Janet Leigh (« Psychose ») qui ne sont autres que mère et fille dans la vie.
Mais malgré la présence des deux stars, c'est surtout le charisme de Adrienne Barbeau, en animatrice radio à la voix langoureuse, que l'on retiendra.
Cette dernière épousera par la suite le réalisateur du film...




Même si « The Fog » a sensiblement vieilli, il n'en reste pas moins un digne représentant de ce qui se fait de mieux en matière de film d'horreur à la fin des années 70.
Avec ce film, Carpenter confirme sa prédisposition pour les plans travaillés et les ambiances à couper au couteau et, en dépit d'un petit budget, démontre son aptitude à créer des scènes choc à partir d'un scénario minimaliste.
En d'autres mains moins adroites, le film aurait pu être un véritable navet... et c'est le cas : oubliez donc son pathétique remake.


Note : ***

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