mercredi 3 novembre 2010

Clockwise


Un chef d'établissement scolaire, fraîchement à la tête d'une association, s'apprête à prononcer un discours. Les choses vont plutôt mal tourner...


« Clockwise » c'est la comédie britannique dans ce qui se fait de mieux. Complètement décalé et bourré de séquences aussi farfelues qu'inattendues (visite d'un champ boueux, d'un monastère ou encore séquence de strip tease bucolique...), le film aligne les quiproquos et les sous-entendus avec une élégance rare.

Le plus gros danger dans ce genre de comédie reste souvent de sacrifier l'histoire au gag pur et simple ou de manquer de rythme mais malgré sa courte durée (1h30 seulement), le film ne contient aucun temps mort et nous amène de surprise en surprise jusqu'au générique final. Mais le plus important c'est que chaque scène, aussi abracadabrantesque soit-elle, finisse toujours par se rapporter à l'intrigue principale.

Du côté de la réalisation, rien à redire: tout est absolument impeccable.
La photographie crée des images plutôt belles pour le genre et les plans sont souvent remarquablement travaillés, avec un goût prononcé pour les gags au second plan. De même l'excellente partition de George Fenton ("Un jour sans fin")apporte aux images un ton déjanté tout à fait approprié et l'absence de musique durant certaines scènes rendent ces dernières vraiment hilarantes (la voiture embourbée...). Mais c'est bien le montage qu'il faut applaudir. Peter Boyle ("Waterworld") a accompli une fois de plus un travail rythmique exemplaire et non seulement le montage permet quelques gags visuels bien sentis (le tracteur) mais le « timing » nous offre des moments à se tordre de rire.


Néanmoins, « Clockwise » ne serait rien sans ses acteurs et ce n'est autre que John Cleese lui même que l'on retrouve dans le rôle titre. Longtemps membre émérite de la troupe des Monty Pythons (les génies du « nonsense » d'outre-mer), John Cleese reste célèbre pour sa faculté à interpréter des personnages symbolisant le fameux flegme britannique mais qui peuvent disjoncter à tout moment. C'est le cas ici où son personnage de directeur d'école, obsédé par le temps et d'un sérieux inébranlable, n'est pas sans rappeller l'avocat malchanceux de « Un poisson nommé Wanda ».
Dans « Clockwise » il est savoureux! Il n'y a pas d'autre mot pour décrire sa performance. Le passé de l'acteur sur les planches ressurgit à chaque grimace, chaque geste déplacé: il maîtrise parfaitement sa gestuelle comique et cet accent « so british » reconnaissable entre mille, et qu'il adore employer à outrance pour mieux le ridiculiser, fait des merveilles.

Les seconds rôles sont également très réussis, proposant une floppée de comédiens beaucoup moins connus mais tout aussi réjouissants. Chacun joue son rôle à la perfection et même si certains n'ont que quelques lignes de dialogue à se mettre sous la dent, cela ne les empêche pas de camper des personnages inoubliables. Et même si « Clockwise » possède parfois une allure débridée digne du muet, les dialogues sont légion. Et ici pas question de débiter des flots de paroles inutile pour le simple but de meubler certaines scènes. Non, les répliques sont particulièrement bien choisies et inspirées et promettent à elles seules de bonnes tranches de rigolade. Et même si en tant que telles, elles ne renouvellent pas le genre (le quiproquo « right/right », difficilement traduisible en français, la grande variété de leur utilisation ne cesse de nous surprendre.



Si vous aimez le genre, ne ratez pas ce joyeau de la comédie anglaise, très sérieuse sur la forme mais complètement barrée sur le fond... John Cleese prouve qu'il demeure une valeur sûre du comique british et le film lui-même est bourré de séquences cultes à se plier en quatre. « Clockwise » tourne à plein régime, est réglé comme une horloge et on ne voit pas le temps passer.

Note : ***

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