lundi 1 juin 2009

Baby Blood



Yanka s'ennuie ferme jusqu'à ce qu'un événement étrange vienne bouleverser son existence : un être bizarre prend forme dans son ventre, une drôle de bestiole qui parle, qui a faim et soif...de sang frais!





« Baby Blood » est un film fantastique gore... français! C'est suffisament rare pour être signalé. Pour autant, est-ce à cause de sa nationalité gauloise qu'il est aussi mauvais?


Récompensé au festival d'Avoriaz 1990 par le prix spécial du jury, le film possède des qualités indéniables.
Avant tout, on peut saluer les responsables des effets spéciaux pour nous offrir des scènes de tripaille sanglantes et extrêmement violentes qui raviront les amateurs. Ces effets spéciaux garantissent un nombre impressionnant de séquences choc assez perturbantes qui culminent avec celle de la «  peau de bébé », au sens littéral du terme.

Ensuite, on peut apprécier l'originalité du scénario et les nombreuses mises en abîme grace aux nombreux parallèles entre la naissance, l'enfantement et la création universelle. Je n'en dis pas plus...
Un thème passionnant mais plus ou moins bien mis en valeur selon les cas.



Mais ces quelques avantages ne suffisent pas à faire pencher « Baby Blood » du bon côté de la balance. Comme on dit : « sur le papier ça sonne bien, pourtant ».
Car dans les faits, la mise en scène molassone et l'amateurisme des acteurs le font malheureusement couler à pic.
Le réalisateur, Alain Robak, a du mal à trouver le ton juste et se contente le plus souvent d'aligner les scènes gores mais gratuites. Pour autant, il sait fait preuve d'inventivité, avec notamment des angles de caméra inattendus, mais le rythme du film est définitivement trop mou pour captiver réellement.



L'histoire aurait été idéale pour un court métrage mais elle demeure bien trop simpliste pour une durée d'une heure trente.
Les idées délirantes du scénario restent à l'état d'ébauches et sont le plus souvent sous-exploitées tandis que certaines scènes dispensables traînent en longueur.
Ainsi dans le film les hommes sont tous de véritables obsédés notoires unidimensionnels dont on se fiche totalement du sort (atroce) qui leur est réservé.
Quant au prologue dans le cirque, il se révèle bien trop long comparé à son manque d'utilité par la suite.

Même les scènes « drôles » sont ratées à cause d'un timing approximatif dans les répliques et de la pauvreté du jeu des acteurs.
Seule idée vraiment intéressante : le bébé qui parle en voix off (doublé par Robak lui même), sujet à des réflexions plutôt amusantes.



Mais le véritable problème de « Baby Blood », c'est le personnage principal. On sent que l'actrice met le paquet pour rendre son personnage crédible et ne recule devant rien pour nous le faire savoir. La nudité ne la dérange pas, pas plus que d'être recouverte de sang des pieds à la tête.
Malgré tout, elle ne réussit qu'à rendre son personnage antipathique et exaspère très rapidement à force de surjouer...



« Baby Blood » est un film culte pour beaucoup.
Culte parce qu'il a réussi à faire parler de lui au festival d'Avoriaz en étant considéré par Wes Craven(!) comme « le meilleur film du festival », ce qui lui a valu un coup de pub légendaire.
Culte parce qu'il est l'un des rares à présenter une femme (le personnage comme l'actrice) qui entreprend des meurtres aussi choquants.
Culte parce qu'en qualité de précurseur, c'est l'un des premiers films français aussi gore et qu'il a ouvert la voie à de nombreux fidèles dont Ian Kounen (« Doberman ») ou encore Matthieu Kassovitz (« Les rivières pourpres »).

Malheureusement, il n'en reste pas moins terriblement mal joué, ce qui gache la plus grande partie de son intérêt. On voit que le réalisateur s'est beaucoup amusé mais le plaisir n'est pas partagé. Et ce ne sont pas les apparitions en guest-star de Lafesse et Alain Chabat, géniales mais bien trop courtes, qui me feront changer d'avis.

Note : *

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